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Étape 14 : Étang Pinet - Baborte

"Spectaculaire"

La Pica d'Estats HRP
La Pique d'Estats (3143 m), toit de la Catalogne, depuis le Montcalm
Une étape des plus intéressantes m'attend aujourd'hui : j'entreprends l'ascension de mes premiers sommets de plus de 3000 mètres ! Ce sont le Montcalm (3075 m) et la Pique d'Estats (3143 m), respectivement toits de l'Ariège et de la Catalogne. Ces sommets, aussi mythiques que le Canigou, sont accessibles par un même col, ce qui permet de les gravir "léger", en laissant le sac à dos entre les deux. Je pars à 7h30 du refuge du Pinet, en priant pour que la météo soit clémente. Le tarnais d'hier soir démarre en même temps que moi, et je suis contente d'avoir un compagnon de route, pour une fois. Nous allons gravir ensemble les deux sommets, avant de partir chacun de notre côté. Nous ne sommes pas seuls, le circuit du jour étant très réputé. Nous dépassons d'autres randonneurs et continuons à très bon rythme, jusqu'à rencontrer un autre homme au niveau de l'étang d'Estats, avec qui nous discutons un instant. 


Estany d'Estats estany Sottlo Pica d'Estats
Direction Baborte : les estanys d'Estats et de Sottlo
J'apprends alors que la vallée dans laquelle nous nous trouvons est dangereuse en raison des raides couloirs d'avalanches qui se trouvent devant nous, et qu'une accident mortel est ainsi arrivé en hiver 2015. L'occasion de me rappeler que la montagne est un milieu hostile où l'on ne doit jamais relâcher son attention, ni sous-estimer les risques. Le tarnais et moi reprenons notre route, qui se poursuit en longeant cette fois-ci l'étang du Montcalm. Nous arrivons ensuite dans une zone de névés, dont un est maculé de couleur rouge. Il ne s'agit pas de sang mais d'une algue, Sanguina nivaloides, qui colore les glaces et neiges en fin d'été et qui est très étudiée par les scientifiques ces dernières années. Moi qui pensais avoir affaire à du sang ! Je poursuis mon chemin avant une rencontre, bien vivante : un tichodrome échelette, oiseau "papillon" affectionnant les parois rocheuses, passe au-dessus de ma tête ! Je suis ravie de cette rencontre, et un petit peu déçue de n'avoir pu l'immortaliser.


HRP massif du Montcalm
Il faut traverser des névés pour rejoindre le port de Sottlo...
Arrivés au col séparant les deux sommets, le col de Riufret, je m'accorde une petite pause après cette montée intense. Le randonneur de tout à l'heure nous passe alors devant, direction le Montcalm. Je laisse mon sac à dos et y grimpe à mon tour, retrouvant à nouveau mes deux camarades. Nous admirons la vue qui s'étend sur des dizaines de kilomètres, et profitons de notre petit groupe pour se prendre en photo les uns les autres. Et voilà, j'ai franchi le palier des 3000 m ! Je peux voir le Pic Saint-Barthélémy, gravit en juin lors de mon entraînement, le Carlit (toujours!), le Mont Vallier... Je repars vers la Pique d'Estats afin de monter encore un peu plus haut. L'accès est moins aisé et il faut mettre un peu les mains. "Tiens, voilà notre championne !" s'exclame le tarnais, qui s'était avancé avec l'autre randonneur. Une fois en haut, contrairement au Montcalm, pas la place de s'étaler ! Je redescends alors rapidement, et dis au revoir à mes compagnons de rando.



HRP Estats Sottlo
Le "Mordor"... ou Port de Sottlo vu du Sud
Il est 11h30 et je me dirige vers mon prochain objectif : le refuge non gardé de Baborte, où je passerai la nuit. Le temps se couvre, et la descente est raide jusqu'à la traversée d'un long névé. Heureusement, celui-ci est quasiment plat et ne pose pas de soucis sans équipement spécial. J'accède rapidement au Port de Sottlo, et le franchis pour descendre dans la zone plus verte aperçue depuis l'Estats. En me retournant, j'ai alors l'impression de me retrouver en Mordor, région redoutée de l'univers du Seigneur des Anneaux... J'arrive ensuite à l'estany d'Estats et me pose enfin pour manger. Il y a beaucoup moins de randonneurs ici, mais j'entends toujours le brouhaha de ceux qui sont en haut de la Pique d'Estats, au-dessus de moi. Je quitte le sentier aux abords de l'estany de Sottlo, pour approcher le dernier col avant Baborte. J'y aperçois 3 randonneurs, et me mets un coup de pression : il n'y a que 9 places dans le refuge non gardé, mieux vaut arriver le plus tôt possible, avant les autres !

Refugi de Baborte HRPRefugi de Baborte
Je n'ai pas de tente en cas de refuge complet. Je les devance mais eux aussi accélèrent. Quelle drôle d'ambiance, quand on a l'habitude de l'entraide entre randonneurs ! J'arrive finalement la première, et constate avec soulagement que le joli refuge orange est vide. Le couple et la petite fille qui me suivaient arrivent. Ils sont catalans et passent aussi la nuit là. Je vais chercher de l'eau dans les ruisseaux puis nous nous installons. Nous sommes ensuite rejoints par un grand groupe de jeunes catalans, qui se répartissent entre leurs tentes et les dernières places dans le refuge. J'ai un matelas pour moi, ainsi qu'une couverture. Tout va bien ! Après avoir un peu discuté, je m'endors, bien au chaud dans cet abri.

2 commentaires:

  1. Le Mordor, c'est tellement vrai. La métaphore est parfaite. Quel bijou ce refuge de Baborte !

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  2. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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