Traduction

Étape 38 : La Pierre-Saint-Martin - Abri d'Ardané

"Solitude"

ARP Carretera del Roncal
La lune au-dessus des reliefs navarrois
Il fait un temps radieux ce matin : pas un nuage dans le ciel. Un vent de Sud souffle, fort et chaud. L'étape d'aujourd'hui ne sera ni technique, ni particulièrement physique. A partir du col de la Pierre St-Martin, il faudra marcher sur une route de Navarre pendant 8 longs kilomètres. Au moins, je sais à quoi m'attendre, ce sera plus facile à supporter. 
Sans grande surprise, je ne croise qu'un seul couple de randonneurs sur la portion de bitume, au niveau de la station de Larra-Belagua. Heureusement, il y a la place de marcher en sécurité au bord de la route la plupart du temps, je suis plus tranquille que lors de la montée au col d'Envalira en Andorre (étape 9). A la fin de cette portion de route, je passe à l'aplomb du refuge de Belagua, à l'architecture assez étrange. Je m'arrête manger dès que j'ai retrouvé un sentier. Je profite du paysage, et aperçois des oiseaux dans le ciel : des vautours, des milans royaux... et deux aigles bottés. Quelle joie !



Roncal Karst Larra ARP
Vue en se retournant sur le karst de Larra et le Pic d'Anie
Ils sont certainement en migration, et j'ai la chance d'observer en une fois un individu de forme pâle et un de forme sombre. L'appareil photo est en mode mitraillette. Je me remets en route sur le sentier qui monte au port de Bimbaléta. J'y croise un groupe d'espagnols, puis me retourne et regarde le paysage que je laisse derrière moi : Le karst de Larra et le Pic d'Anie. A présent, en route pour les paysages de prairies basques. 
Deux cols et un troupeau de chevaux plus tard, me voilà dans le vallon d'Ardané, où se trouve l'abri de berger dans lequel je dormirai ce soir. Je passe d'abord devant une petite "ferme" et arrive à l'abri en lui-même. Je suis au milieu des moutons, dans un vallon très encaissé, mais contourné par une piste légèrement fréquentée par des voitures. J'aperçois une bergère, et quelques voitures faisant des aller-retours à la ferme. En entrant dans l'abri, je constate qu'il y a bien des matelas, mais point de couvertures !



Ardané ARP
Mon hôtel 4 étoiles pour ce soir : l'abri d'Ardané !
J'avais eu du mal à obtenir des informations sur le sujet avant mon départ, mais avais vu une photo de l'abri avec des couvertures à disposition. Cela devait être il y a longtemps... Le problème est que je suis partie pour cette traversée avec seulement un sac à viande. Certes, je ne me trouve plus qu'à 1300 mètres d'altitude et il fait beau temps, mais ce n'est pas suffisant pour dormir dans un simple drap ! Je vais demander à la bergère si elle n'a pas une couverture dans sa ferme, mais la réponse est négative. Tant pis, je mettrai ma polaire et j'utiliserai ma couverture de survie.
L'abri est assez glauque, et je me sens un peu seule. L'ambiance n'est pas la même que dans les 3 refuges non gardés de haut altitude que j'ai déjà fréquentés. Cette fois, je suis à portée de voiture et je ne peux m'empêcher de penser qu'il y a plus de chance pour qu'un tordu vienne ici dans la nuit... (oui, c'est sans doute un peu ridicule).  
Le temps ne passe pas vite ce soir, personne pour me tenir compagnie, pas de livre... Vivement demain matin !

Étape 39 : Abri d'Ardané - Col Bagargui

"Journée à moitié intéressante"

Pic d'Orhy ARP
Le Pic d'Orhy
La nuit a été des plus pittoresques, seule, immobile sur le matelas, sous ma couverture de survie (chaque mouvement est très bruyant). J'ai eu un peu trop chaud ainsi, finalement, mais il vaut mieux ça ! Les bouchons dans les oreilles se sont avérés nécessaires à cause du bruit du vent dans la cheminée et de la porte qui claquait un peu (quelle ambiance !).
Je pensais "m'échapper" plus tôt mais finalement mon départ n'a lieu qu'à 8h. Il faut monter jusqu'à la crête grâce à un petit peu d'orientation dans les vallons. Celle-ci est survolée par des milans et des vautours, qui semblent "flotter" grâce au vent. Je poursuis tranquillement sur la frontière, sûre de ne pas me tromper de chemin ! La Navarre s'étend sur ma gauche, le Pays basque français sur ma droite. Le temps est assez menaçant, avec des nuages laissant échapper quelques gouttes. 



HRP Abri d'Ardané Col Bagargui
La crête, la Navarre, et les perturbations océaniques
La crête me mène au Port de Larrau, départ de randonnée pour monter au Pic d'Orhy. Je retrouve donc un peu de monde pour la première fois depuis hier après-midi. Je gravis le sommet rapidement, gagnant du temps par rapport aux repères du livre. La vue panoramique est toujours bluffante. Je me trouve sur le dernier sommet de 2000m de cette traversée. J'y vois d'ailleurs des accenteurs alpins, ce qui m'amuse car 2000 m correspond à leur limite basse de répartition. Le temps est toujours plus menaçant et je ne traîne pas sur le sommet, très venté. J'ai apparemment eu raison de commencer la journée avec une bonne cadence, car alors que je suis descendue sur la crête et que je me suis un peu éloignée, l'orage (pas violent) semble passer sur le pic d'Orhy. Je prends seulement quelques gouttes et subis un fort vent latéral, mais la vue est très appréciable sur cette crête.





ARP Alupigna sendero
Le sentier de contournement de la crête d'Alupigna
L'océan n'est pas encore visible, mais on devine qu'il n'est pas bien loin ! Au niveau de la crête d'Alupigna, si affutée qu'il serait assez peu concevable de la parcourir, un sentier de contournement apparaît. Il n'est pas pour autant moins impressionnant ! Une main courante est là pour sécuriser le passage, qui se fait sans encombre. J'arrive ainsi au Zazpigagn, et me dépêche de descendre vers le col de Tharta. Il fait assez mauvais... 
Je m'arrête prendre mon repas (semoule froide, que de saveurs ! ) à l'abri dans l'entrée d'un "abri en tôle maintenant fermé", dixit le livre. Un malheureux randonneur a fait les frais de son manque d'information sur le sujet, car je lis, gravé sur la porte : " Pourquoi ce cadenas ? #Nuit glaciale ! Yannick 09/08/2017 ". Le 9... et oui, à ce moment là, j'étais également frigorifiée au refuge de Pombie !
La pause a laissé le temps au ciel de se dégager. Je repars alors, effrayant au passage un troupeau de brebis, direction la forêt d'Iraty et le col Bagargui. C'est à partir de ce moment que j'ai moins apprécié la journée : à quelques reprises, je monte un peu trop et manque le sentier, cherche en vain le passage. Ensuite, le brouillard s'est installé. Malgré tout, une fois dans la forêt, cela donnait un vrai caractère enchanteur ! 
7h45 après mon départ de l'abri d'Ardané, me voilà arrivée aux chalets d'Iraty, au col Bagargui. Un peu de confort !





Iraty Bagargui ARP
La forêt d'Iraty dans le brouillard

Étape 40 : Col Bagargui - Béhérobie

"Brouillard basque"

Iraty Col Bagargui ARP
La balade continue dans la forêt d'Iraty
Après une nuit de luxe (une chambre individuelle, rendez-vous compte !), je repars dans la brume. Le brouillard ne s'est en effet pas levé depuis hier. Qu'importe, il n'est pas vraiment "mouillant" ! L'étape du jour débute sur le GR10 et en forêt. J'apprécie beaucoup ce genre de portions du GR10, l'ambiance forêt étant rendue encore plus particulière avec le brouillard. C'est confortable pour les pieds, agréable pour tous les sens même, et pas besoin de lire constamment le topo guide ! 
Le sentier se change en piste herbeuse, et monte vers le sommet d'Occabé, où l'on peut voir des cromlechs. C'est ici, aux alentours de 1400 m donc, que je sors enfin des nuages. Il fait bon au soleil, je me retrouve aux côtés d'un troupeau de chevaux, et fais un tour sur moi-même : que des nuages en guise de paysage ! On se croirait en avion, posté ainsi au-dessus de la couche nuageuse. Il va maintenant falloir redescendre, et se mettre à l'orientation pour la suite du parcours. Il faut en effet s'écarter du sentier. Ça va être du sport, avec ce brouillard !  Je descends donc dans les prairies d'Occabe et dans les nuages. Le brouillard n'est pas très épais, mais il est difficile d'apercevoir les crêtes qu'il va falloir emprunter.




Okabé ARP
Le sommet d'Occabé
Je temporise en prenant mon pique-nique, espérant que l'après-midi sera synonyme de temps clair... Que Neni ! Il faudra bien faire avec. J'avance alors prudemment, relisant 10 fois les indications du livre que j'ai du mal à comprendre. Le GR passe juste en contrebas et après coup, je n'ai toujours pas compris pourquoi le topo guide me faisait m'en éloigner à plusieurs reprises. Je parviens malgré tout à suivre le tracé virtuel du livre.
Passée la crête d'Urculu, je descends à travers la prairie pour atteindre une petite route. Tout est "vert basque" autour de moi et je dois remonter le vallon par la route. Il y en a de plus en plus ces jours-ci... tout comme les noms à coucher dehors d'ailleurs  : je suis bien dans le pays basque, c'est sûr ! J'arrive ensuite à une sorte de col, mais, ne voyant aucun panneau comme indiqué dans le livre, je conclus que ce n'est toujours pas le col d'Errozaté.




Béhérobie col Errozaté
Le vallon de l'Egurguy
Raté, c'était bien lui ! J'ai donc perdu 1 kilomètre en continuant trop loin, le temps d'en avoir la certitude. Il est donc temps de revenir sur les sentiers. Mais celui-ci est détestable : il est à peine plus large qu'un pied, et ses irrégularités sont cachées par les herbes et les fougères. J'ai détesté cette portion, malgré le joli paysage de vallon verdoyant. Une fois la portion pénible achevée, je me trouve tout près de Béhérobie, et de l'Hôtel des sources de la Nive. Mais j'ai beaucoup trop faim et décide donc de m'arrêter quand même manger des fruits secs. Je suis heureuse d'arriver à l'hôtel, situé dans un cadre charmant, et je peux profiter du grand confort (et du wifi pour un peu de divertissement). Cerise (noire) sur le gâteau : la pension complète me revient moins cher que si je prends mon propre dîner, comme prévu initialement. Je me régale donc à l'heure du dîner dans la salle de restauration.

Étape 41 : Béhérobie - Les Aldudes

"Rhune en vue !"

ARP Orgambidé Pays basque
Vue du col d'Orgambidé
Le réveil ce matin a lieu aux aurores, en raison de l'étape colossale du jour. Ce n'est ni plus ni moins que l'étape la plus longue de la traversée (38 km !), ainsi que la plus difficile en dénivelé (1600m + et -). Ce dénivelé peut paraître étrange pour la région de basse montagne dans laquelle je me trouve, mais avec une telle distance à parcourir, c'est l'enchaînement de toutes les "collines" basques qui, cumulées, donnent ce dénivelé ! Le parcours oscille entre 330 et 1430m, et le topo Trans'Pyr indique 10h de marche. 
Je suis donc sur la route (encore une...)  dès 7h. Je suis obligée de suivre de grands lacets de goudron dans la forêt jusqu'au col d'Orgambidé. Deux heures plus tard, me voilà au col. L'étape ne fait que commencer... De nombreux touristes se trouvent ici, certains commencent des randonnées depuis le col, accessible en voiture. Des espagnols en voiture me demandent leur chemin. J'essaye de les orienter à la lumière des informations contenues dans mon livre.




ARP Compostelle
Suivez la crête ! Vue depuis le col Lepoeder
J'espère ne pas m'être trompée... Je continue sur une petite route bétonnée bordée de troupeaux de moutons. Il fait grand beau temps pour cette longue étape, j'ai beaucoup de chance, fini le brouillard basque ! L'orientation n'est pas compliquée pour le moment. Je me dirige ensuite vers le col d'Arnostéguy, où le sentier (GR12) rejoint le chemin de Saint-Jacques (une de ses versions). Dire qu'après 5h de marche, je n'en suis qu'à la moitié... La journée va être bien longue. Mais à présent j'observe quelque chose de cocasse : le chemin de Compostelle, ici, est en fait une piste bien définie, entourée de grillages la plupart du temps, bref : impossible de se perdre ou de se tromper, on peut mettre le cerveau sur "off" ! Mais malgré tout, des balises aux couleurs du chemin de pèlerinage sont présentes tous les 50m ! Très drôle quand on a eu l'occasion d'évoluer complètement hors sentier, et qu'il est fréquent que le balisage soit absent sur la HRP. Il est 13h quand j'arrive au col Lepoeder. Je me suis tellement gavée ce matin au petit-déjeuner de l'Hôtel que je n'ai pas du tout eu faim avant !



HRP ARP Roncevaux Callune
La callune vulgaire (bruyère) colore le paysage...
Je déjeune donc perchée sur le col, avec une belle vue sur Roncevaux, le fameux village étape pour les pèlerins de Compostelle. Ils sont nombreux à passer par le col, et sont bien reconnaissables à leurs coquilles pendant au sac à dos. Il fait assez chaud aujourd'hui mais cela reste largement supportable et la consommation d'eau reste normale. Malgré tout, à cause de la longueur de l'étape, un nouveau remplissage de la gourde est obligatoire. Heureusement, je trouve un point d'eau au col de Burdincurutcheta, une fois la portion espagnole de l'étape passée. La fatigue a commencé à se faire sentir après avoir quitté la route des pèlerins. Il faut tenir bon. La suite du parcours de crête se fait en grande partie à l'ombre, et les palombières défilent. Au niveau d'une petite habitation où des gens ont l'air de passer des vacances paisibles, je découvre la vue sur la vallée de Baïgorry, magnifique mosaïque de prairies sur un relief ondulé. Au loin, au fond à droite, j'aperçois un sommet qui se démarque.



 
ARP Baïgorry Aldudes
La vallée de Baïgorry, les Aldudes et la Rhune au fond (droite)
Je demande à la personne qui se détend sur un transat au bord du passage de la HRP : "c'est la quoi le sommet là-bas ?" Elle va me chercher son amie qui me répond, avec l'accent "c'est la RHune !" Prise de conscience. Contemplation. Les larmes me montent aux yeux. Le dernier sommet de la traversée est là-bas, et on devine l'océan, juste derrière. C'est bel et bien la fin du périple que je suis en train de toucher du doigt. Cette grande émotion me rebooste. Pour la fin de l'étape, l'orientation est importante et les indications nombreuses et fréquentes. Je suis donc contrainte de regarder le guide en permanence, ce qui est très pénible car on ne profite plus de la marche et du paysage. Lassée de sortir mon portable toutes les 5 minutes, je lis moins souvent et finis par manquer une bifurcation. Cela m'arrive à nouveau tout près des Aldudes. Je me lamente de me rallonger bêtement de la distance pour cette très longue étape. J'arrive finalement au charmant village des Aldudes à 19h. J'ai démarré la marche il y a 12h, et ai marché environ 10h aujourd'hui. Je suis épuisée.

Étape 42 : Les Aldudes - Elizondo

"100% d'humidité, 0% de visibilité"

Hêtre HRP Pays basque
Vieux sage de la forêt...
 A l'heure à laquelle je suis arrivée hier soir, et vu les kilomètres parcourus, je n'ai pas trop récupéré physiquement. Heureusement que le parcours du jour est assez court. Je me dirige vers la crête, comme toujours sur la HRP, et me retrouve rapidement dans les nuages, ce qui m'exaspère un peu. J'aimerais bien profiter de la vue, quitte à parcourir les crêtes. J'en ai au moins profité hier. Au premier col, celui de Berdaritz, de nombreux sentiers se croisent, dont un qui, selon le panneau, semble filer directement à Elizondo. J'hésite mais finis par suivre sagement l'itinéraire du topo et monte vers la crête. Cela me permettra de faire un petit sommet, la Peña Alba. Je me demande quand même si cela en vaut la peine, vu la météo... Je finis effectivement par le regretter : je ne vois rien (30 mètres, environ ?), dans ce brouillard, et commence à être un peu mouillée. Je passe à travers une belle forêt de très vieux hêtres, seules images à capturer aujourd'hui... Puis il faut quitter le sentier pour rejoindre la Peña Alba. Ça n'a pas l'air si compliqué : " descendre OSO hors sentier d'une vingtaine de mètres dans la prairie puis rejoindre la crête que l'on remonte vers le NO". J'ai une boussole, un altimètre, mais pas la visibilité pour rejoindre cette fameuse crête ! Je regarde ma position GPS, la carte... et essaye de trouver le sommet. Impossible. Je ne sais pas où je vais, ne vois ni la crête ni la Peña Alba.


  


Allelujah... Une pause pique-nique à l'abri !
En continuant dans la même direction, je retombe miraculeusement sur le GR11, qui m'amènera à coup sûr jusqu'à Elizondo. Mais le brouillard continue à mouiller, et je désespère de trouver un endroit où remplir mon estomac. Quand soudain, l'arbre providentiel : un cyprès (me semble-t-il) forme un abri parfait, juste au-dessus d'un banc ! L'eau n'y tombe quasiment pas, je peux enfin dévorer mon pique-nique. Dans mon malheur, je suis bien contente ! Je croise un duo de randonneurs qui prennent la même direction que moi, et je les suis sur le GR. Arrivée à une piste, je ne trouve pas le balisage, et m'engage du mauvais côté. J'arrive ainsi à Elizondo par le sud-ouest au lieu du sud-est, cela m'a ajouté 2 kilomètres de marche. Je m'en veux mais au moins il est assez tôt quand j'arrive à l'hôtel, mes jambes pourront mieux récupérer pour attaquer les deux dernières étapes, assez longues.

Étape 43 : Elizondo - Col Lizuniaga

"Océan en vue !"

Rhune ARP GR11
La Rhune en vue dès le matin...
Cette fois-ci, j'ai eu le temps de récupérer un peu avant la longue marche du jour (29 km). Deuxième bonne nouvelle, aujourd'hui je n'aurai qu'à suivre "bêtement" le GR11, sauf dans la dernière demi-heure. Je pourrai enfin avancer efficacement sans regarder sans cesse le portable. Je me mets en route et espère que la journée ne sera pas trop dure...
Je me perds, comme souvent, dans mes pensées, fantasme sur le grand moment de demain, mon arrivée à Hendaye... Il me tarde de terminer, la moyenne montagne m'excite moins, je prends moins de plaisir que dans les Pyrénées centrales, plus sauvages. Arrivée au col d'Inaberri, j'aperçois l'océan, Saint-Jean-de-Luz, mais la Rhune est cachée par des nuages bas. Aujourd'hui, ces derniers ont tout de même l'amabilité de rester au-dessus de moi !
Je croise plus loin un cycliste espagnol très sympa, avec qui je discute un peu. Il se montre très intéressé par mon aventure, et impressionné. Il connaît certains secteurs, comme celui de Bachimaña, nous échangeons donc nos impressions, nos vécus. Je lui raconte quelques détails de la traversée. Puis cet agréable échange prend fin et je reprends ma route.  Un peu plus tard, vers midi, le nuage qui cachait la Rhune se dégage et j'ai mon objectif en vue. Le col Lizuniaga se situe juste au pied du sommet. Je déjeune assise sur le banc d'une palombière, structure devenue très familière dans le Pays basque.



 
Col Lizuniaga HRP GR11
Au pied de la Rhune le soir !
Le sentier passe dans la forêt après avoir traversé une ferme.
Au bout de 6h environ, mes pieds deviennent douloureux. Ces maux appartenaient plutôt au début de la traversée, du temps où mon corps n'était pas accoutumé, mais avec les longues étapes des derniers jours, les arpions ont à nouveau du mal !
En quittant le GR11, je rencontre trois Pottoks qui sont dérangés par ma venue. Les pauvres ne savent pas comment m'éviter et marchent ou trottent une petit moment devant moi. J'arrive ensuite au col Lizuniaga, après 7h30 de marche et de pauses. Je suis contente, car le topo-guide prévoyait 7h30 de marche, hors pauses. Ma chambre a vue sur la Rhune ! Je prévois de me lever tôt demain, à 6h, mais je suis dérangée par les bruits du restaurant en terrasse (en plus, l'odeur de frites est une torture !). Je ne me suis pas servie de mes bouchons d'oreilles jusqu'ici, mais les ai oubliés dans l'hôtel de la nuit dernière ! C'est vraiment mal tombé.

Étape 44 : Col Lizuniaga - Hendaye

"Terminer en beauté"

étape 44 HRP Lizuniaga
Lever de soleil vers la forêt de Sare
Et voilà... c'est le dernier jour de ma traversée. Lever à 6h pour être partie à 7h, moment du lever du soleil. En effet, il y a presque 8h de marche pour arriver à la plage d'Hendaye, et je ne voudrais pas louper mon covoiturage. Et puis, quoi de mieux pour cette dernière journée que de démarrer dans le calme et la poésie du lever de soleil ?
Il n'y a pas un nuage dans le ciel, la journée s'annonce magnifique. J'appréhende cependant un peu d'avoir mal aux pieds, vu les étapes des jours précédents. Je suis la crête frontière et ses palombières. Pauvres palombes, on ne leur laisse vraiment aucune chance ! Je me rapproche de la Rhune dans la verdure, et rencontre très tôt d'autres randonneurs qui y montent aussi. Ils semblent venir du joli village de Sare, visité pour ma part en février dernier pendant mes études. Le sommet est tout proche, tout comme la vue sur Hendaye, l'excitation est grande ! 



Urugne ARP GR10
Urugne et l'océan
8h50 : ça y est, ultime vue panoramique sur la côte basque : Saint-Jean de Luz, Urrugne et Hendaye, l'objectif final. Dernier sommet de la traversée...
Le site est déjà noir de monde "grâce" au petit train à crémaillère qui y donne accès. Une bonne partie monte cependant à pied, comme moi. Je descends après en avoir suffisamment profité, par un goulet presque délicat, puis continue dans de vertes prairies. Le passage se fait ensuite sur des pistes, de VTT pour la plupart. C'est ainsi que j'en arrive à croiser plus de Vttistes que de randonneurs pendant un bon moment. Puis c'est le passage inévitable par les ventas d'Ibardin, qui, au même titre que le col du Perthus, sont un plongeon dans un fourmillement de tourisme et de commerces. On ne va pas s'attarder ici ! Je retrouve à plusieurs reprises le GR10 aujourd'hui, où l'orientation est très aisée. La plage d'Hendaye est encore un peu loin, et c'est les Peñas de Aia que j'admire en attendant d'avoir à nouveau mon objectif en vue.


 
Peñas de aia depuis HRP
Peñas de Aia ou Trois couronnes
Finalement, je n'ai pas mal aux pieds en ce milieu de journée, je suis même en pleine forme, je me sens bien et j'ai le cœur léger. Alors que je parcours les derniers kilomètres en traversant les villages de Birriatou, Béhobie et Urrugne, je me rends compte que le bitume finit par me chauffer les pieds. Mais je touche le bout... 
A 15h05, me voilà sur la plage d'Hendaye. Je suis seule randonneuse parmi les baigneurs, à l'étroit dans la foule. De plus, il n'y a pas du tout de plage à cette heure-ci ! Je me retrouve coincée sur le trottoir. je n'avais pas du tout imaginé mon arrivée ainsi, c'est assez décevant... J'aurais voulu m'asseoir sur la plage et méditer un peu sur ce que je viens d'accomplir, mais c'est impossible. Finalement, le grand moment d'émotion et de plénitude aura été la vue de la Rhune, durant l'étape de Béhérobie aux Aldudes. A ce moment-là j'avais réalisé où j'étais en train d'arriver, j'avais passé en revue tous les endroits par lesquels j'étais passée pour en arriver là. 
Ma joie est quand même immense, il y a bien sûr de la fierté, et déjà de la nostalgie. Mon petit organisme est maintenant conditionné à marcher, au calme, tous les jours, mon cerveau est accoutumé au nomadisme et il aime ça ! Tout d'un coup tout s'arrête, tout est derrière moi. Mais les souvenirs sont bien au chaud, dans mon cœur et aussi dans l'appareil photo. 


Epilogue 
--- Mes cousins biarrots arrivent déjà pour me conduire jusqu'à Bayonne où mon covoitureur m'attendra bientôt. Je suis ravie de les voir, je m'empresse de partager les anecdotes de mon aventure. Nous nous arrêtons à Saint-Jean de Luz pour la "photo de la triche", autrement dit la photo d'arrivée les pieds dans l'eau qu'il était impossible de faire à  Hendaye ! J'en profite pour me savonner un peu, histoire d'être présentable pour le covoiturage.
Puis sur le trajet qui me ramène à Toulouse, depuis l'autoroute, les Pyrénées défilent sous mes yeux, je les regarde intensément, m'imaginant marcher sur les crêtes. ---
Llegada ARP
C'est fait !!!

Petit film de la traversée

Pour finir, un petit diaporama : la traversée en 11 min !

                                                                     

Zoom oiseaux et faune diverse

Suite à la demande de certains, voilà un bonus "faune" dont beaucoup d'oiseaux pour ceux qui veulent les découvrir avec moi !

Gypaetus barbatus
Gypaète barbu, le casseur d'os

Gypaetus barbatus
Gypaète barbu et son os

Rupicapra pyrenaica
Isard

Rupicapra pyrenaica
Isard

Oeanthe oenanthe
Traquet motteux femelle

äne Pyrénées
Âne à Certascan

Eliomys quercinus
Le lérot du refuge Mont Roig
Rana temporaria canigonensis
Grenouille rousse des Pyrénées

Bébés marmottes
Marmottons <3

Marmota marmota
Marmotte

Turdus philomelos
Le salut de la grive musicienne

Carabus auratus
Carabe doré

Marmota marmota
Marmotte

Cervus elaphus
Cerfs élaphes

Cervus elaphus
Cerfs élaphes

Oenanthe oenanthe
Traquet motteux femelle

Oenanthe oenanthe
Traquet motteux femelle

Pernis apivorus
Bondrée apivore et martinets en chasse

marmota marmota
Marmotte

Rupicapra pyrenaica
Jeunes isards

Rupicapra pyrenaica
Jeunes isards

Falco tinnunculus
Faucon crécerelle femelle

Hieraaetus pennatus
Aigle botté forme pâle

Hieraaetus pennatus
Aigle botté forme pâle

Hieraaetus pennatus
Aigle botté forme sombre

Hieraaetus pennatus
Aigle botté forme sombre

Vautour Pays basque
Vautour fauve