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Étape 1 : Banyuls - Col de l'Ouillat

"Tramontane"

ARP Banyuls
Prêt, feu, go !

Presque 20 ans que je viens marcher tous les étés dans les Pyrénées, du coté de la Cerdagne et du Capcir. Depuis tout ce temps, avec la famille, l'idée de la traversée des Pyrénées a été évoquée, comme une idée de projet à long terme, sans plus de précisions. Comme un rêve... Après 6 ans d'études supérieures, pas de boulot à la sortie malgré quelques recherches, je réfléchis à une manière de marquer le coup. De profiter du laps de temps qui m'est offert avant de me lancer dans le monde du travail pour de bon. L'idée ressurgit, comme une évidence. Mais oui, c'est maintenant qu'il faut partir traverser la chaîne ! Je peux partir une quarantaine de jours en vacances sans problème. Bon, il est vrai que personne dans mon entourage n'est à la fois dispo 40 jours et assez fou de montagne pour m'accompagner tout du long. Mais mes parents viendront marcher chacun une semaine environ avec moi. En trois semaines d'intenses recherches, je suis prête à partir, dès le lendemain de la remise des diplômes. Direction Banyuls pour démarrer cette traversée dans le sens est-ouest. 

2 juillet 2017 : ça y est, c'est le grand jour ! Il est temps de s'élancer à l'assaut de la chaîne. Après une nuit à l'Hôtel Canal de Banyuls-sur-mer, je pars avec environ 13 kg sur mon dos (estimation), soit presque 30% de mon poids ! La tramontane est puissante aujourd'hui, cela risque d'être pénible sur les crêtes. 

Panneau du GR10 à BanyulsRace albère et vue sur Banyuls



La mer depuis la crête
La mer depuis les hauteurs...

En montant à travers les vignes, je découvre peu à peu les paysages de basse montagne typiquement méditerranéens, avec les arbres et les oiseaux qui leur sont associés... C'est ainsi que, parmi les chênes verts, je fais ma première observation de pie-grièche grise ! La passionnée d'ornithologie que je suis est ravie. Puis rapidement la vue se dégage sur la mer, et on aperçoit Banyuls au loin. En prenant de l'altitude, je me fais chahuter violemment par les rafales de vent. Je manque même de chuter en arrière sur un rocher! Le col des Gascons est particulièrement éprouvant à parcourir. 
Je croise pas mal de randonneurs, et un troupeau de jolies vaches dont je ne connaissais pas la race : il s'agit de l'albère, du nom du massif que je suis en train de parcourir, mais également appelée massanenque côté français. Une race très locale donc, les effectifs sont estimés à environ 200 têtes !
J'arrive au Coll del Pal à 12h30. Postée derrière un grand buisson, je parviens à pique-niquer à l'abri du vent. En plaine, côté français, j'aperçois un incendie, attisé par cette satanée tramontane...

La crête frontière dans les Albères
La crête frontière qu'il faut parcourir
En marchant, je me dis que ce que je viens de parcourir ne représente qu'une infime partie du long voyage qui m'attend. J'ai beau avoir maintenant un pied dedans, cette aventure me semble encore bien irréelle. Il faut poursuivre sur la crête frontière, en plein vent, mais avec la plus belle vue possible... 
Un passage dans une belle hêtraie du massif de l'Albère permet de changer un peu de décor et de moins subir le vent.
Une dernière grimpette au Pic Neulos, une dernière descente le long de la frontière puis en forêt, et me voilà arrivée !
A la fin, je n'ai pas vu le temps passer et pourtant... J'ai marché 8h30 aujourd'hui ! J'ai seulement eu mal aux pieds durant les deux dernières heures. Je suis donc soulagée en arrivant au chalet de l'Albère, où l'accueil est chaleureux. Je rencontre un randonneur qui termine sa traversée, et qui est très content de me donner le surplus de ses paniers pique-nique ! Il me souhaite autant de chance que lui dans ma traversée qui commence...