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Étape 32 : Oulettes de Gaube - Bachimaña

"Col de Letrero vraiment costaud"

Goulotte raide vers Letrero HRPGR10 refuge Oulettes de Gaube VignemaleEncore une fois, une bonne partie des randonneurs présents dans le grand refuge des Oulettes de Gaube était là pour l'ascension d'un sommet : cette fois-ci le Vignemale. Les campeurs ont aussi un grand espace pour le bivouac, dans le "delta" formé par le Gave des Oulettes, le long du sentier menant au col des mulets.
Je m'apprête d'ailleurs à réaliser un passage d'orientation après ce dernier. Je m'engage donc dans la montée au col des mulets, après avoir admiré la face nord du Vignemale. C'est assez raide et les alentours du sentier sont très pierreux mais le sentier en lui-même est très praticable. La vue depuis le col est superbe, mais gâchée par les nuages qui passent sans arrêt à notre altitude. Je me sépare ensuite des autres randonneurs qui continuent vers le col d'Arratille (qui mène au refuge Wallon), pour descendre hors sentier vers le col de Letrero.


Isard Bramatuero HRP
De jeunes isards entre les étangs de Letrero et de Bramatuero
Cette fois-ci encore, je descends la vallée par la mauvaise rive (mais le livre indiquait plein sud, ça ne collait pas !). Mais je me rattrape sans problème et reviens sur la rive droite. Je suis seule, je croise seulement des jolies vaches de race brune des Alpes, et des marmottes que j'observe de près. Suivant les indications du livre, je me dirige vers un replat à l'aplomb de l'Ibon bajo de Batanes, puis vers l'Ibon alto du même nom. C'est alors que les ennuis commencent. En effet, je dois contourner l'ibon alto par le nord, en m'élevant à travers une "pente raide de caillasse pas très stable, assez peu sympathique", dixit le bouquin Trans'Pyr. Effectivement, je marche uniquement sur des pierres pas toutes stables en essayant de ne pas me faire d'entorse à la cheville ! Une belette surgit tout à coup à côté de moi, c'est la deuxième que je vois depuis le départ de Banyuls. C'est tellement adorable... Après la belette, ce sont des semblables que j'aperçois en contrebas, au bord de l'étang.




Bramatuero HRP
Vue sur le massif de Bramatuero depuis le col de Letrero
Ils sont 4 et viennent de descendre du col de Letrero. A mon tour maintenant de l'attaquer en montée. Les nuages continuent à défiler sur les crêtes et les sommets. Arrivée au niveau de la "goulotte de caillasse sur une sente assez raide" (voir photo en haut à droite et selfie dans l'onglet "présentation"), je comprends que le passage dans le premier pierrier n'était qu'un avertissement, un préambule. Comme on peut s'y attendre, les petits cailloux roulent sous les pieds. Les pierres de taille moyenne aussi, bon... Qu'à cela ne tienne, je m'agrippe aux quelques gros blocs que je trouve. Et là, catastrophe, eux aussi se mettent à dévaler la pente : "Non, non, non, non ! ", je panique. Je dois alors faire passer le bloc auquel je me tenais entre mes jambes pour ne pas partir avec, et il termine sa course bien plus bas. La panique dure un instant, le temps de retrouver un semblant de stabilité et d'adhérence. Je me suis vraiment fait peur. Je ne comprends pas comment les 4 autres randonneurs ont fait pour descendre par là. 


étang Bramatuero alto ARP Bachimaña
L'ibon de Bramatuero alto
La fin du goulet est un peu moins raide, et j'arrive au col de Letrero après avoir croisé quelques névés. Deux espagnols arrivent en même temps dans l'autre sens, et continuent sans perdre de temps vers là d'où je viens. Je les mets en garde sur la difficulté du passage, par précaution. C'est l'heure de la pause pique-nique. Il fait assez frais ici, à 2643 m, le silence est total est la vue très belle. Un tichodrome échelette me survole mais je n'arrive toujours pas à le photographier. 
En descendant vers les étangs (ibones) de Letrero et de Bramatuero, j'aperçois de jeunes isards qui gambadent dans les rochers. C'est décidément une bonne journée d'observation de la faune ! La descente se poursuit vers le deuxième étang de Bramatuero, puis vers celui de Bachimaña. La descente est intéressante, le sentier agréable (surtout vu par où je viens de passer ! ), et je trouve que le temps et les kilomètres sont vite passés, une fois arrivée à l'ancien refuge de Bachimaña.



Etang bramatuero bajo ARP
L'Ibon de Bramatuero bajo
Celui-ci se trouve au nord-est du grand étang de Bachimaña, et je dois rejoindre le nouveau refuge qui est situé tout au sud, en contournant l'étang par l'ouest. Une fois cette portion de l'étape achevée, j'ai bien ma dose en revanche ! Je suis à présent sur le GR11, équivalent du GR10 mais côté espagnol. 
Pendant le repas, le vacarme résonnant du "comedor" me fait regretter le silence pesant du col de Letrero... La soirée se poursuit avec un gros orage de grêle. Je me poste à la fenêtre et profite du spectacle, c'est mieux qu'un feu d'artifice ! Je suis bien contente d'être à l'abri, et pense avec inquiétude aux randonneurs qui font du bivouac. 
J'ai vécu une belle frayeur aujourd'hui, mais cela m'a totalement reboostée : je m'ennuyais un peu sur le GR10, et je suis contente d'avoir retrouvé les itinéraires hors sentiers, les difficultés techniques, l'altitude, les espaces sauvages...Et je suis fière d'avoir passé ce foutu col !

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