Traduction

Étape 11 : Sorteny - Étang Fourcat

"Calvaire technique"



HRP variante
L'étang Blaou
Ma mère, très rassurée depuis hier par Anne, Jérôme et leur GPS, souhaite les suivre aujourd'hui également jusqu'au refuge Fourcat. Nous nous rendons en effet une nouvelle fois au même endroit, sauf que nous avons prévu des itinéraires différents. Il en existe deux pour relier Sorteny à Fourcat : le premier descend jusqu'à la ville d'El Serrat et emprunte un peu la route et passe par le port de l'Albeille. Le deuxième est plus sauvage et passe par le port de Siguer : c'est par là que passerons nos amis. Je vois sur ma carte qu'en choisissant ce deuxième itinéraire, c'est deux passages délicats (en pointillé sur la carte) au lieu d'un qu'il faudra traverser, et le glisse à ma mère. Peu importe pour elle, nous les suivrons car elle est rassurée ainsi. Je culpabilise de lui avoir fait perdre confiance ces derniers jours. Nous nous mettons en marche. Les deux premières heures se déroulent à merveille, il fait beau, nous discutons, nous marchons sur un vrai sentier pour le moment. Mais il faut rapidement le quitter après avoir atteint le port de Siguer.


Port de Siguer
A flanc sous la crête d'Arial...
Nous nous trouvons alors sur la crête frontière avec la France et l'Ariège. Le bel étang Blaou se tient en contrebas. Nous faisons une pause goûter et suivons la crête vers l'ouest un moment, avant de traverser à nouveau un raide flanc de montagne dans les herbes, les chevilles à nouveau mises à rude épreuve. Je me dis que ma mère va me détester de l'avoir embarquée dans cette HRP... Elle est impressionnée par la pente et craint de dévisser et de finir tout en bas. Nous nous distançons un peu les uns les autres, si bien que je finis par ne plus voir que Jérôme, loin devant. Je ne vois plus ma mère qui était derrière nous, à force de tourner sur ce flanc de montagne. Je cris en direction d'Anne que j'ai aperçue peu avant, pour lui demander où est ma mère. Pas de réponse. Je m'époumone, commence à vraiment m'inquiéter. Et si par ma faute, elle avait vraiment fini par glisser tout en bas ? J'ai peur, je crie de toute mes forces, reviens un peu en arrière, mais rien. C'est au bout d'une ou deux interminables minutes que je la revois apparaître, un peu plus haut. Elle s'était reposée un instant, et va bien, même si elle en a marre comme moi de ce terrain hostile. Je me remets de mes émotions et nous rejoignons Anne et Jérôme jusqu'à la crête d'Arial. Nous y pique-niquons et profitons de la vue imprenable sur les massifs alentours. Je revois à nouveau le Carlit.




HRP Fourcat variante
Étangs des Llassiès
Mais la réalité nous rattrape : nous allons devoir descendre par un raide pierrier, c'est la seule solution. Il s'agit d'ailleurs du passage délicat que j'avais repéré sur la carte et que j'aurais préféré éviter, surtout pour ma mère qui est la moins à l'aise hors sentier. Nous nous engageons alors, en prenant bien garde de rester à bonne distance les uns des autres, pour ne pas se faire glisser de pierres dessus. La descente demande vraiment beaucoup d'attention, il faut apprendre à se laisser aller dans de longues glissades dans les pierres qui dévalent sous nos pieds. Cela ressemblerait presque à du surf... Une fois en bas de ce calvaire, il faut traverser un grand chaos. je commence à en avoir marre de la caillasse... Nous remontons ensuite légèrement jusqu'au col qui mène à l'étang du Rouch, un bel étang très bleu qui ne doit vraiment pas être très fréquenté, vu l'accès ! La descente hors sentier reprend, tantôt dans l'herbe, tantôt en terrain plus caillouteux. C'est encore très raide et pénible, certains endroits étant même glissants.


Etang de Rouch
Le pierrier qu'il a fallu descendre (rouge)
 Nous nous retrouvons au bout d'un long moment en bas, dans une vallée humide, et réalisons la distance qu'il nous reste encore à parcourir. Il est déjà tard dans l'après-midi. Mes muscles tiennent le coup de cette longue journée, mais c'est vraiment épuisant nerveusement. Toute cette attention dans tous ces passages compliqués nous a grandement fatigués. Nous ne continuons que parce que nous n'avons pas vraiment le choix. "Marche ou crève",  dit ma mère.  Je culpabilise encore de l'avoir emmenée ici, puis réalise que tout de même, c'est elle qui a voulu emprunter cet itinéraire malgré ma mise en garde. Cela me permet de m'en vouloir un tout petit peu moins. Au bout de la vallée, il faut encore monter jusqu'à l'étang de la Goueille, puis affronter le passage délicat "inévitable" présent dans les deux itinéraires. Il s'agit de traverser une zone de gros blocs, et pour pimenter le tout, la brume du soir remonte sur nous. Après quelques derniers efforts et frayeurs, nous arrivons à l'étang Fourcat, dominé par un grand rocher sur lequel est perché le refuge. Il est 20h passées, et je suis un peu honteuse d'avoir causé du soucis aux gardiennes. En effet, nous n'avons pas eu de réseau de la journée pour les prévenir de notre retard. Nous avons mis 11h pour relier les deux refuges aujourd'hui. Heureusement, un bon repas chaud est là pour nous réconforter.

4 commentaires:

  1. Quelle étape ! Et technique en plus ! Bravo à vous deux !!! Certainement l'une des étapes les plus ardus du périple.
    Voici de quoi inspirer une rando dans ce secteur sur le sommet phare : le pic du Port
    https://randoludo.blog4ever.com/pic-du-port-ou-pic-de-font-blanca-depuis-le-bouychet

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  2. Merci ! Oui, techniquement je crois que c'est celle qui a causé le plus de soucis. Il y a eu le col de Letrero aussi, mais cela a duré moins longtemps...

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  3. Et oui. Nous vous avons attendu pour manger à Fourcat ! :D :D
    N'aies pas de remords pour la gardienne, c'est la moins accueillante et sympathique que j'ai rencontré sur la traversée. ;) (et je reste poli)

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  4. haha ! alors juste désolée que vous ayez attendu à cause de nous !

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