Traduction

Étape 17 : Lac inférieur Gallina - Alos d'Isil

"Une matinée épouvantable"

Lérot refuge non gardé ARP
L'intérieur du refuge Mont Roig et le lérot qui y habite !
La nuit a été un peu agitée à cause d'un joli lérot qui vit ici et a passé son temps à grignoter ce qu'il pouvait. Heureusement, prévenue à l'avance de sa présence par Jérôme et Anne qui sont passés ici il y a quelques jours, j'avais pris soin de suspendre ma nourriture. Les dernières informations sur la météo que j'ai eues prévoyaient des orages tôt en tout début d'après-midi, c'est pourquoi j'ai prévu de partir tôt ce matin. Mais au réveil, je constate que nous sommes entourés par les nuages, la visibilité est très mauvaise. Sachant que le sentier est seulement cairné, je préfère différer un peu mon départ pour ne pas m'égarer. Je pars donc à 8h, après avoir aperçu un euprocte des Pyrénées, amphibien gris-marron et jaune endémique. Mais 20 minutes plus tard, l'orage se déclare. Orage, Ô désespoir... Etant encore assez bas, je reste calme et me recroqueville pour protéger mes jambes de la pluie. Les françaises sont parties et l'anglais a continué après avoir commencé à marcher derrière moi.


Estany inferior Gallina ARP
Estany inferior de Gallina
L'orage passe plus haut et sans doute un peu plus loin, car le tonnerre n'est pas très violent et les intervalles longs entre les grondements. La pluie finit par s'arrêter et je repars. Mais à 10h, arrivée à l'étang majeur, la pluie reprend. Je sors quand même mon en-cas et contourne l'étang. Un isard mort se trouve sur le sentier.... Je suis assez étonnée de cette découverte macabre. La pluie s'intensifie et je désespère de pouvoir passer le col que j'ai maintenant en vue. Je n'ose m'y engager avec l'orage qui gronde. En attendant que les conditions soient meilleures, je me réfugie sous un rocher, dans une position très inconfortable pour qu'aucune partie de mon corps ne dépasse. Mais la pluie s'intensifie, à mon grand regret. Je me refroidis à rester immobile dans l'humidité, bien qu'il ne fasse pas particulièrement froid. Je sors donc de ma cachette et m'approche le plus possible de la montée au col. Où sont les autres ? Il semblerait qu'ils l'aient tous franchi. L'orage ne semblant pas sévir trop près de la crête, je décide de monter. 


Estany mayor Gallina Pireneos ARP
Estany mayor de la Gallina
Je ne suis pas fière, je sais pourtant le danger de se trouver sur les hauteurs par temps d'orage. Je constate quand même que je ne suis pas au coeur de celui-ci. J'avance donc sous la pluie, et redescends rapidement au niveau de la Bassa de Curiós. Je commence à être trempée : j'ai passé beaucoup de temps à attendre ou marcher lentement avant le col. Soudain, je perds la trace des cairns. Je n'en vois plus, le sentier n'est plus assez défini et je ne sais où aller. Il pleut trop pour sortir le portable ou la carte et regarder le chemin, et je ne voudrais pas m'avancer dans une mauvaise direction. Je me retrouve donc à attendre, impuissante, sans abri, debout sous la pluie, à attendre que ça s'arrête. Cela devient très dur mentalement, je suis perdue, trempée jusqu'à l'os, sans nouvelles de ceux qui sont passés juste avant moi. Je crois entendre des voix au loin mais ce ne sont que des cloches de vaches qui sonnent. Je craque. "Mais quand est-ce que ça va s'arrêteeer ??!!!" Je m'époumone, seule dans les nuages et la montagne. 12h30 : la pluie cesse enfin. Presque 4h de pluie non-stop...

J'aperçois l'anglais au loin, maintenant que la vue s'est dégagée. Il s'engage dans un goulet vertigineux. C'est donc là-bas qu'il faut aller... Je rejoins le bas de ce goulet, marchant sur un sentier devenu torrent. J'enfonce à chaque pas les pieds dans l'eau. Je ne suis pas encore au bout de mes peines. Mais le soleil revient et je me réchauffe et sèche assez rapidement. La montée dans le goulet pierreux est un peu délicate, mais je parviens sans peine au col où s'est arrêté l'anglais. Je suis contente de le retrouver. Je m'arrête manger (et sécher) pendant qu'il entame la descente. Elle est raide et met à mal mes genoux à cause de l'humidité accumulée, lorsque j'y descends à mon tour. La suite de la descente vers le refuge du Fornet est bien plus tranquille. Je passe à côté de ruches protégées de l'ours par une clôture électrique. J'aimerais bien apercevoir cet animal, de loin... Mais je sais que les chances sont maigres. Arrivée au refuge, je rencontre un toulousain retraité qui traverse la chaîne dans le sens inverse. Il me raconte plein d'anecdotes, nous partageons un bon moment et quelques tuyaux.

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