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Étape 41 : Béhérobie - Les Aldudes

"Rhune en vue !"

ARP Orgambidé Pays basque
Vue du col d'Orgambidé
Le réveil ce matin a lieu aux aurores, en raison de l'étape colossale du jour. Ce n'est ni plus ni moins que l'étape la plus longue de la traversée (38 km !), ainsi que la plus difficile en dénivelé (1600m + et -). Ce dénivelé peut paraître étrange pour la région de basse montagne dans laquelle je me trouve, mais avec une telle distance à parcourir, c'est l'enchaînement de toutes les "collines" basques qui, cumulées, donnent ce dénivelé ! Le parcours oscille entre 330 et 1430m, et le topo Trans'Pyr indique 10h de marche. 
Je suis donc sur la route (encore une...)  dès 7h. Je suis obligée de suivre de grands lacets de goudron dans la forêt jusqu'au col d'Orgambidé. Deux heures plus tard, me voilà au col. L'étape ne fait que commencer... De nombreux touristes se trouvent ici, certains commencent des randonnées depuis le col, accessible en voiture. Des espagnols en voiture me demandent leur chemin. J'essaye de les orienter à la lumière des informations contenues dans mon livre.




ARP Compostelle
Suivez la crête ! Vue depuis le col Lepoeder
J'espère ne pas m'être trompée... Je continue sur une petite route bétonnée bordée de troupeaux de moutons. Il fait grand beau temps pour cette longue étape, j'ai beaucoup de chance, fini le brouillard basque ! L'orientation n'est pas compliquée pour le moment. Je me dirige ensuite vers le col d'Arnostéguy, où le sentier (GR12) rejoint le chemin de Saint-Jacques (une de ses versions). Dire qu'après 5h de marche, je n'en suis qu'à la moitié... La journée va être bien longue. Mais à présent j'observe quelque chose de cocasse : le chemin de Compostelle, ici, est en fait une piste bien définie, entourée de grillages la plupart du temps, bref : impossible de se perdre ou de se tromper, on peut mettre le cerveau sur "off" ! Mais malgré tout, des balises aux couleurs du chemin de pèlerinage sont présentes tous les 50m ! Très drôle quand on a eu l'occasion d'évoluer complètement hors sentier, et qu'il est fréquent que le balisage soit absent sur la HRP. Il est 13h quand j'arrive au col Lepoeder. Je me suis tellement gavée ce matin au petit-déjeuner de l'Hôtel que je n'ai pas du tout eu faim avant !



HRP ARP Roncevaux Callune
La callune vulgaire (bruyère) colore le paysage...
Je déjeune donc perchée sur le col, avec une belle vue sur Roncevaux, le fameux village étape pour les pèlerins de Compostelle. Ils sont nombreux à passer par le col, et sont bien reconnaissables à leurs coquilles pendant au sac à dos. Il fait assez chaud aujourd'hui mais cela reste largement supportable et la consommation d'eau reste normale. Malgré tout, à cause de la longueur de l'étape, un nouveau remplissage de la gourde est obligatoire. Heureusement, je trouve un point d'eau au col de Burdincurutcheta, une fois la portion espagnole de l'étape passée. La fatigue a commencé à se faire sentir après avoir quitté la route des pèlerins. Il faut tenir bon. La suite du parcours de crête se fait en grande partie à l'ombre, et les palombières défilent. Au niveau d'une petite habitation où des gens ont l'air de passer des vacances paisibles, je découvre la vue sur la vallée de Baïgorry, magnifique mosaïque de prairies sur un relief ondulé. Au loin, au fond à droite, j'aperçois un sommet qui se démarque.



 
ARP Baïgorry Aldudes
La vallée de Baïgorry, les Aldudes et la Rhune au fond (droite)
Je demande à la personne qui se détend sur un transat au bord du passage de la HRP : "c'est la quoi le sommet là-bas ?" Elle va me chercher son amie qui me répond, avec l'accent "c'est la RHune !" Prise de conscience. Contemplation. Les larmes me montent aux yeux. Le dernier sommet de la traversée est là-bas, et on devine l'océan, juste derrière. C'est bel et bien la fin du périple que je suis en train de toucher du doigt. Cette grande émotion me rebooste. Pour la fin de l'étape, l'orientation est importante et les indications nombreuses et fréquentes. Je suis donc contrainte de regarder le guide en permanence, ce qui est très pénible car on ne profite plus de la marche et du paysage. Lassée de sortir mon portable toutes les 5 minutes, je lis moins souvent et finis par manquer une bifurcation. Cela m'arrive à nouveau tout près des Aldudes. Je me lamente de me rallonger bêtement de la distance pour cette très longue étape. J'arrive finalement au charmant village des Aldudes à 19h. J'ai démarré la marche il y a 12h, et ai marché environ 10h aujourd'hui. Je suis épuisée.

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